Alchian A.-A. La théorie des coûts de transaction, telle qu’elle a été développée essentiellement par Williamson est celle qui se situe le plus directement dans la lignée de Coase. 29 Plus tard, dans un article d’importance majeure, dans lequel le grand historien revient sur ses travaux pour les situer par rapport aux théories de la firme il soutiendra que ses contributions propres doivent être interprétées dans le cadre des théories de la firme qui placent au centre les « compétences » et non, comme on l’a cru et souvent prétendu à partir des approches menées « à la Williamson » en termes de coûts de transaction (Chandler, 1992). Abstract: Ce papier s’est fixé pour objectif d’effectuer les tests empiriques de la fonction de demande de travail issue de la théorie générale de la firme. C’est sur ces tensions que nous voudrions conclure cette section. 17L’analyse de la firme proposée repose sur la notion de relation d’agence, qui sert à formaliser les relations entre des individus ayant des intérêts différents, et à déterminer des contrats incitatifs optimaux adaptés aux situations les plus diverses. Les approches contractuelles ne traitent pratiquement que la deuxième dimension, et la traitent à leur manière, c’est-à-dire sur la base des hypothèses de la théorie économique du comportement rationnel et de la recherche d’optimum parétiens, par la méthode de l’équilibre (en information imparfaite) ; tandis que les analyses évolutionnistes et competence-based se focalisent sur la première dimension (la firme comme lieu de mise en œuvre de savoir-faire), et cela sur la base d’hypothèses comportementales radicalement différentes, fondées sur la rationalité limitée et la théorisation de la connaissance et des apprentissages individuels et collectifs dans une perspective cognitive et évolutionnaire opposée à la méthode de l’équilibre. Il y a, derrière ces problèmes, une question plus générale, sans doute inhérente aux approches contractuelles centrées sur l’analyse des relations interindividuelles, le plus souvent bilatérales : l’absence de prise en considération de l’entreprise comme entité propre, et de ses caractéristiques. Similar Items. Elle s'attache à expliquer l'existence d'organisations économiques fondées sur la hiérarchie par l'existence de coûts de transaction. 12 Voir ici : Coriat et Weinstein (1995, chapitre 3), et Weinstein (2007). Les coûts de transaction ; La prise en compte des coûts de transaction : la définition des coûts de transaction est formulée par l'économiste institutionnaliste Commons (1934) pour qui les transactions sont à la base des relations économiques. Enrichie des travaux de Penrose, puis de l’apport décisif des évolutionnistes, cette voie de recherche est finalement entièrement construite autour de l’idée que ce qui fonde la firme, la justifie et permet de rendre compte de sa nature comme – point absent des approches contractuelles de la diversité de ses formes – est qu’elle est le lieu de la gestion et de la production de connaissances et compétences spécifiques. Théorie de la firme. En outre, elle permet de comprendre les formes de gouvernance des transactions. Oliver Williamson a une vision originale de traiter l'analyse des opérations d'intégration verticale. Dès les travaux fondateurs (Cyert et March, 1963) l’interrogation majeure qui anime les auteurs est autre que celle qui prévaut dans l’approche contractuelle. (Langlois and Robertson, chapter 4.). 42Ce que nous qualifions ici « d’approche basée sur les compétences » (ABC) regroupe de fait un ensemble de propositions et de constructions qui ne sont pas toujours exactement homogènes. ), The economic nature of the firm. II) La principale théorie La théorie des coûts de transaction : A l'origine de l'économie des coûts de transactions, on trouve un article célèbre de 1937 sur la " nature de la firme". Le plus courant se réfère à la question du partage des risques : les actionnaires sont rémunérés sur la base du « revenu résiduel » (ils sont « residual claimants »), et par là censés assumer les risques. The paper surveys in a critical manner the recent development in firms theories. La firme est simplement un ensemble de contrats qui couvrent la manière dont les inputs sont joints pour créer les produits, et la manière dont les recettes résultant des produits sont partagées entre les inputs. Holmstrom B. cit. Hayek F.-A. En mettant en avant le rôle des routines définies comme les « savoir-faire (skills) des organisations » et conçues comme « dispositifs de résolution de problèmes » (problem solving devices), en insistant sur le rôle décisif des apprentissages organisationnels, le basculement s’opère : de « nœud de contrats » la firme devient « noeud de compétences ». The strength but also the limits of both approaches are highlighted. 1 Les théories de la firme entre « contrats » et « compétences » Une revue critique des développements contemporains Benjamin CORIAT, Olivier WEINSTEIN Univers… 1, April 2000. 73Pour autant, les développements qui conduisent des behavioristes aux évolutionnistes ne sont pas un long fleuve tranquille. Linked Data. Biondi Y., A. Canziani et T. Kirat (eds.) Les thèses de Hayek (1945) sont mobilisées ici, et notamment la distinction entre connaissance spécifique et connaissance générale (specific et general knowledge). Il est également permis de se demander en quoi l’internalisation limiterait les comportements opportunistes, et si, comme l’ont remarqué de nombreux économistes, la firme (comme le marché) peut fonctionner sans un minimum de confiance, incompatible avec des comportements purement opportunistes. Cette théorie se comprend, à notre sens, en opposition, d’une part à ceux qui, à la suite de Coase, présentent la firme comme une réponse à des échecs de marché, et comme une forme organisationnelle fondamentalement distincte, voire opposée au marché, et, d’autre part, aux questions plus anciennes posées par Berle et Means, qui touchent plus particulièrement aux questions de gouvernance d’entreprise que nous aborderons plus loin. Rumelt R.-P. (1984), « Towards a strategic theory of the Firm », in R.-B. 19(i) La firme en tant que telle n’a pas d’existence véritable (c’est une fiction légale), il n’y a pas de sens à parler de ce que pourrait être le comportement ou l’intérêt d’une firme. L'analyse transactionnelle de la structure du pouvoir dans les sociétés cotées, initiée par Williamson (1985), est examinée. 27 Sur la représentation de la « firme point » infiniment déformable et mue par les seules forces du marché, voir les développements que nous avons consacrés dans notre ouvrage Coriat et Weinstein (1995). Voir sur ce point Gibbons (2005). M.C. Penrose est explicite sur ce point quand elle fait observer que « The services yielded by resources are a function of the way in which they are used… » (idem). De cette conception Williamson tire essentiellement une implication : les contrats seront, le plus souvent, des contrats incomplets, qui n’envisagent pas tous les événements possibles. [pic 13] Williamson encadre l'idée de coûts de transaction de … 57C’est sans doute à Chandler qu’il revient, dans son maître ouvrage, d’avoir le premier donné tout son éclat à cette thèse. Une des raisons pour lesquelles cet aspect est ignoré est que la question de l’organisation de la production proprement dite, et de la coordination entre les travailleurs, n’est pas étudiée (ce que reconnaissent Hart et Moore, 1990 : 1152). [fre] The williamson's theory of vertical integration is not empirically verified. March (1963), Behavioral Theory of the Firm, Oxford: Blackwell. Dans la vision de Penrose ce qui importe c’est le « service » rendu à la production par les ressources : « …strictly speaking, it is never resources themselves that are the “inputs” in the production process, but only the services that ressource can render » (Penrose, 1959, nous soulignons). Ainsi, comme le dit clairement Masten (2002), « dans sa forme la plus abstraite, la théorie positive de la firme est une extension des principes standards du choix rationnel »3. Blair M.-M. et L.-A. l’explication de la subst itution de la firme au marché, dan s la théorie dites du « Hold- up » (Williamson, 1979, 1985 ; Klein, Crawfo rd, and Alchian, 1978). Ce qui permet à Hart (1995, p. 29) d’écrire : « la propriété est source de pouvoir, quand les contrats sont incomplets ». Mais avec les évolutions de l'environnement institutionnel, les relations de pouvoir se sont modifiées, que ce soit dans l'entité firme (gouvernement interne) ou dans l'entité firme-réseau (gouvernement externe). 51Dès lors, élucider comment « informations are gathered and processed within the organization » (…) devient ainsi un axe majeur du programme de recherche sur la firme qui s’élabore. B. Holmstrom and P. Milgrom, "Multi-Task Principal-Agent Analyses: Linear Contracts, Asset Ownership and Job Design," Journal of Law, Economics and Organization 7: 24-52 (1991). De processeur d’informations, elle s’est muée en processeurs de connaissances. La théorie des éléments de Christophorus Clavius et l'idée du globe terraqué†. Une fois acquises les routines se déploient sans heurts, sans délais et sans coûts supplémentaires. Hart (1989). (1999), « Incomplete Contracts: Where Do We Stand? (1998), The Dynamic Firm – The Rôle of Technology, Strategy, Organization, and Region, Oxford University Press. La théorie ultérieure de la construction de l’avantage compétitif – au cœur du Management Stratégique – trouvera ici l’un de ses fondements essentiels. Le trait majeur de cette approche est de mettre au centre de ses élaborations une vision de la firme conçue comme « noeud de contrats ». », Econometrica, 67(4): 741-781. Nelson et Winter comptent parmi les principaux fondateurs du courant évolutionniste de la firme. Il sagit de lopportunisme, cest-à-dire la volonté des individus dagir dans leur propre intérêt en trompant éventuellement autrui dune façon volontaire. 5 Dans une littérature abondante, on peut partir de Williamson (1985). The first one analyses the contributions recently proposed around the vision of the firm envisaged as a “nexus of contracts”, focusing on the different recent variants of the theories of property rights and of imperfect contracts applied to the firm. 24 Certains faisant remarquer que si le tiers ne peut pas « vérifier » le respect d’un engagement, c’est parce qu’il a lui-même une rationalité limitée ! Chez eux, ce n’est pas la délibération mais les routines qui sont au coeur du processus de prise de décision. Dosi G., Faillo M. et Marengo L. (2003), « Organizational Capabilities, Patterns of Knowledge Accumulation and Governance Structure in Business Firms », LEM Working Papers Series, 2003/11. Chapitre 3 - Notes de cours 3. Dès lors qu’est écartée la vision de la firme comme capable de produire des réponses automatiques et des réponses rationnelles permettant de satisfaire aux contraintes de son environnement, la question centrale qui s’est posée est celle d’élucider comment au sein de la firme s’effectue le « processus de prise de décision ». On cherche à expliquer la taille, les frontières et le comportement des entreprises. 13Comme le soutient Gibbons (2005), on peut estimer que la théorie des coûts de transaction propose en fait deux théories de la firme : la théorie du « hold-up », qui est la plus connue, et une autre théorie sensiblement différente que Gibbons qualifie de théorie de l’adaptation (« adaptation theory »), qui représente à notre sens une rupture plus radicale avec les postulats néoclassiques. En désignant l’employeur par B, l’employé par W, et par x l’ensemble des tâches que W peut réaliser : « B a une autorité sur W si W permet à B de choisir x. C’est-à-dire que W accepte l’autorité quand son comportement est déterminé par la décision de B. Add tags for "Théorie économique et financement de la firme.". Cet aspect dérive directement de l’hypothèse de rationalité limitée, et de sa conséquence, l’incomplétude des contrats : le problème majeur que pose une relation durable entre deux parties interdépendantes est celui de la gestion des événements imprévus, qui ne peuvent être anticipés et donc pris en compte dans le contrat formel. Celles-ci donnant lieu à des « side-payments » qui ne sont pas tous nécessairement de nature monétaire : les « rémunérations » peuvent prendre la forme de gratifications diverses : promesses d’avancements, attribution de moyens en personnels et en équipements, avantages en nature divers… En contrepartie les subordonnés s’engagent à satisfaire des « sub-goals » qui constituent autant de points d’appui dans les processus de contrôle que mettent en place les dirigeants. Soergel bimodules are certain bimodules over polynomial algebras, associated with Coxeter groups, and introduced by Soergel in the 1990's while studying the category O of complex semisimple Lie algebras. Il est utile de commencer par là, dans la mesure où la théorie de l’agence qui constitue, couplée à la théorie des droits de propriété, ce que l’on peut considérer comme l’orthodoxie néoclassique en matière de théorie de la firme, se comprend bien, à notre sens, en opposition à certain aspects essentiels de la théorie des coûts de transaction4. Chandler A.-D. Jr. (1962), Strategies and Structures. Disons simplement ici que, refusant l’hypothèse de rationalité limitée, et donc les problèmes résultant des limites des capacités cognitives des agents, les auteurs doivent trouver un autre type d’explication de l’incomplétude des contrats. Elles constituent un stock de savoir-faire dans lequel les agents puisent pour assurer le bon déroulement des opérations au sein des organisations. Le point de départ de ses travaux est le concept de coûts de transaction développé par Ronald Coase en 1937 dans l’article The Nature of the Firm. (1945), « The Use of Knowledge in Society », American Economic Review, 35(4). Délocalisations : de quoi parle-t-on ? Notons dès maintenant que cette vision ne peut que poser quelques questions du point de vue des fondements de la conception « shareholder » du gouvernement d’entreprise : il en résulte, bien évidemment, que cela n’a aucun sens de considérer les actionnaires comme les propriétaires de la firme. Il aborde tout d’abord la vision contractuelle dominante qui dérive des questions soulevées par Coase, et qui s’est structurée autour de trois grandes théorisations : la théorie des couts de transaction de Williamson, la théorie de l’agence, qui, avec la théorie (ancienne) des droits de propriété offre la nouvelle vision néo-classique de la firme, et la théorie des contrats incomplets et des droits de propriété qui tente de reformuler la théorie des couts de transaction. (2003), la firme est structurée autour de deux ordres de dispositifs : le premier qui renvoie à l’organisation et la division du travail et à l’activité de production ; le second à l’ensemble des systèmes et procédures d’incitation et de contrôle. Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Coriat B. et Dosi G. (1998), « Learning how to Govern and Learning how to Solve Problems: On the Co-Evolution of Competencies, Conflicts and Organizational Routines », in A.-D.Chandler Jr., P. Hagström et Ö. Sölvell, (eds. Pourtant ces constructions, outre qu’elles sont largement complémentaires, partagent une série de traits et de fondements communs qui permettent d’identifier cette approche et de la séparer des approches contractualistes. 22 Sur ce qui différencie théorie des coûts de transaction et théorie des droits de propriété, on peut se reporter à Gibbons (2005), et, en insistant sur les oppositions, à Williamson (1991, 2000) et Kreps (1996). La grande im portance donnée, 24Cela signifie en particulier que les salariés n’ont pas à être considérés comme faisant partie de la firme (pas plus que les fournisseurs de matières premières, ou les clients). Get this from a library! L’auteur propose un type de réponse qui reste, dans sa forme générale couramment admise : la firme constitue un mode de coordination économique alternatif au marché. Au demeurant la notion même de tacitness – attribut essentiel des routines – est directement inspirée de, et empruntée à Polanyi. 11 « Legal fictions which serve as a nexus for a set of contracting relationships among individuals », op. Revue d'Économie Industrielle, 2003, vol. Christophe Carrincazeaux, Marie Coris and Alain Piveteau. Cette reconstruction est esquissée cependant dans Coriat (2000). C’est là que se joue la qualité des « services » qui pourra être obtenue des ressources de la firme. Richard R. Nelson et Sidney G. Winter : La théorie évolutionniste de la firme. Nous montrons que dans cette approche la spécificité de la firme n’est pas encore prise en compte de façon satisfaisante (2). Williamson O.-E. (1991), « The Logic of Economic Organization », in O.-E. Williamson and S.-G. Williamson O.-E. (2000), « The New Institutional Economics: Taking Stock, Looking Ahead », Journal of Economic Literature, 38(2): 595-613. Une perspective qui la distingue nettement de la vision coasienne. Ayant posé que la dissonance cognitive et le conflit sont au centre de la firme, la question centrale qui traverse ce courant est celle de savoir comment, à partir des informations et connaissances éclatées et éparses dont dispose chaque individu, la firme parvient à mettre en œuvre des modes de coordination pour se constituer des avantages relatifs par rapport aux concurrents. 54L’idée que la firme est un lieu de conflits d’intérêts qu’il faut cependant arbitrer pour assurer la survie de l’organisation de chacun de ses membres est poussée à ses extrémités. 64Avec les évolutionnistes, l’approche va connaître de nouveaux développements. En outre, elle permet de comprendre les formes de gouvernance des transactions. Son existence tient au fait qu’elle constitue un véritable « nœud de compétences ». 55Il résulte de ces considérations que les décisions qui émanent des dirigeants sont toujours et nécessairement « sous-optimales », les ajustements se font hors de l’équilibre, loin des critères de maximisation. Governance d'entreprise et théorie de la firme. Foss en particulier note qu’à de multiples reprises dans leur essai, Nelson et Winter définissent les routines comme résultant de « rules of thumbs », de « habits » dont les agents héritent, ou qu’ils imitent de leurs partenaires ou concurrents. 6 Sur lequel s’appuie explicitement Williamson (1975). Et tout spécialement dans le domaine du management stratégique. L’avantage de l’intégration est d’accroître la capacité d’adaptation de l’organisation à son environnement, et donc de favoriser, en quelque sorte, une efficience dynamique. L’arbitrage entre le salariat et le travail indépendant au prisme des théories de la firme. Prahalad C.-K. and Hamel G. (1990), « The Core Competence of the Corporation », Harvard Business Review 66, (May/June). Williamson se distingue en effet des néoclassiques par ses hypothèses sur le comportement des agents. Dans ce cadre, la firme est caractérisée par une certaine structure de droits de propriétés, définie par un ensemble de contrats. The Managerial Revolution in American Business. 81Il est en effet très remarquable que, dans l’état actuel des choses, la théorie évolutionniste de la firme ne dise rien sur deux des dimensions fondamentales de la firme que sont : 1) les rapports entre dirigeant et salariés, c’est-à-dire rien moins que la nature de la relation salariale, 2) les rapports entre gestionnaires et propriétaires (ou actionnaires) qui sont pourtant au centre de la théorie de la firme depuis l’émergence des thèses managériales. & G. Dosi (1998), « Learning how to Govern, and Learning how to Solve Problems », in Chandler et al. Williamson, The Economic Institutions of Capitalism. London: Macmillan. L’analyse de Simon est importante en ce qu’elle affirme la spécificité du contrat de travail, une dimension essentielle pour saisir les caractéristiques de l’entreprise moderne, tout en donnant une caractérisation très générale de cette spécificité, et en en restant, notons-le, au niveau des rapports interindividuels. Matière. Les questions clés concernent alors 1) les problèmes de construction (de « design ») des contrats, 2) les conditions qui assurent la mise en œuvre effective des engagements contractuels (l’« enforcement » des contrats, dans la terminologie anglo-saxonne), et 3) l’identification des coûts qui en résultent (« coûts de transaction » ou « coûts d’agence »). La firme n’est pas reconnue comme entité propre, ce que l’on peut considérer comme allant à l’encontre de toute l’évolution historique de l’entreprise sur le plan légal et institutionnel14. Les modes de gouvernance vont précisément se différencier par la manière de gérer ces événements imprévus, le propre de l’intégration, fondée sur un rapport d’autorité, étant de donner à l’une des parties le pouvoir de prendre de manière discrétionnaire les décisions adaptées aux événements, et donc de permettre une adaptation de l’organisation, sans renégociation. Ils soutiennent en effet la thèse que loin de devoir être assimilée à une collection de ressources, chaque firme se distingue, peut et doit être identifiée par ses « compétences coeurs ». Comme le dit Chandler (1992): « the firm is a legal entity – one that signs contracts with its suppliers, distributors, employees and often customers ». Le monde de l’entreprise des behavioristes est un monde d’asymétries de pouvoirs et de conflits d’intérêts où, de surcroît, les dissonances cognitives sont essentielles et constitutives des relations entre agents. Dans leur ouvrage, Une théorie évolutionniste du changement économique (1982), ils ont jeté les bases de l’économie du changement technique et de ce qui a pris le nom d’École évolutionniste. Foss voit dans les contradictions pointées plus haut la démonstration que l’individualisme méthodologique pourtant revendiqué par les auteurs se trouve à de multiples reprises, mise en défaut. En général, W acceptera l’autorité si x0, la valeur de x choisie par B, est limitée à un certain sous-ensemble (la « zone d’acceptation » de W) de valeurs possibles »7. Chapters in the History of Industrial Enterprise, MIT Press, Cambridge MA. Si les agents ne sont dotés que d’une rationalité « limitée », celle-ci pour autant n’en opère pas moins pleinement. La théorie des coûts de transaction (TCT) s'inscrit dans le cadre de l'économie des organisations. Au cours du temps cette compétence évolue, s’enrichit (ou s’appauvrit), se développe suivant une trajectoire continue, ou connaît des bifurcations (par exemple, en cas d’acquisition de firmes possédant d’autres compétences, ou d’embauches d’individus possédant des compétences nouvelles et originales), mais rien a priori ne permet de penser que ces évolutions doivent converger vers un quelconque idéal type. Mais il, s’agit là finalement que de purs effets de style. S. Helper, J. P.MacDuffie, and C. Sabel, "Pragmatic Collaborations: Advancing Knowledge while Controlling Opportunism," Industrial and Corporate Change 9(3): 443-488 (2000). Ils ne sont pas détenteurs du capital « de l’entreprise » : cela n’a ici aucune signification. 7Dans cette perspective contractuelle, dont l’origine pourrait être trouvée dans les premiers développements de la philosophie politique européenne2, l’économie contractuelle néo-institutionnelle introduit deux dimensions essentielles : (i) les problèmes de coordination entre les individus, et de construction des contrats, résultent essentiellement, voire exclusivement des problèmes informationnels, et plus précisément des asymétries d’information entre les parties : un agent peut disposer d’informations que les autres n’ont pas, et en tirer un profit personnel, et (ii) l’objet central de la théorie de la firme (et plus généralement des organisations et des institutions) est d’identifier ce que sont les formes d’organisation et les « structures de gouvernance » (dans les termes de Williamson) les plus efficientes, dans différents contextes, formes qui sont supposées émerger spontanément du jeu des interactions entre les agents. En effet, en plus d’un endroit, les évolutionnistes affirment que la firme est bien le lieu de conflits d’intérêts entre agents et que la dimension économique et « sociale » de ces intérêts peut être cruciale.